Qui suis-je ?
Je m'appelle Antoinette Rychner. Je cultive les mots et les légumes.
Écrivaine...
... et micro-paysanne.
Antoinette l’écrivaine :
Née en 1979 à Neuchâtel, je suis une autrice suisse romande. Je publie (récits, romans, théâtre, fiction) et crée des performances littéraires depuis 2010.
J’ai la chance d’avoir rencontré une large reconnaissance, autant dans le milieu critique et professionnel (mon travail a été distingué par divers bourses et prix littéraires, dont le Prix Michel Dentan, le Prix Suisse de Littérature ou le Prix SACD de la dramaturgie de langue française), qu’auprès du public, notamment avec le succès en librairies et l’écho dans les médias francophones de mon deuxième roman : Après le monde, Buchet-Chastel 2020, Harper Collins 2022 pour l’édition en poche.
Les titres et références de mes livres, ainsi que mes activités dans le domaine des Arts vivants, sont présentés en détails sur mon site : toinette.ch
Mon expérience en animation d'ateliers et mentorat littéraire:
Diplômée de l’Institut littéraire suisse, j’ai commencé par suivre en tant qu’étudiante de nombreux ateliers d’écriture donnés par des écrivaines et écrivains confirmé·es, de langue française et allemande (Antoine Jaccoud, Noëlle Revaz, Enzo Corman, Ruth Schweikert, Lukas Bärfuss… pour n’en citer que quelqu’un·es.)
Par la suite, je me suis mise à animer moi-même des ateliers de toutes sortes et de toutes durées, en collaboration avec diverses Institutions. J'ai par exemple été engagée par :
- Association USINESONORE, Jura bernois
- Manufacture - HETSR, Lausanne
- Théâtre Le Poche, Genève
- Roman d'école - projet suisse de médiation à destination de classes de second cycle
- EMS « Résidence la Promenade » et Delémont, dans le cadre d'un projet coordonné par la Fondation Cours des miracles
- Mentorat en ligne ouvert aux non étudiant·es, coordonné par l’Institut littéraire suisse
J’ai donc eu l’occasion de me "frotter" à des publics extrêmement diversifiés !
Le détail des contextes où je suis intervenue est présenté sur mon site d'autrice, à la rubrique : accompagnement en écriture.
Que ce soit dans une classe, un foyer de théâtre, une bibliothèque publique ou une salle polyvalente, j’ai souvent vu s’éclairer tout à coup les yeux d’individus, toutes générations confondues, en train de prendre conscience d'une liberté inédite. Écrire, je l’ai compris dès l’enfance, c’est le pouvoir de faire exister tout ce qu’on veut.
C’est ce qui, à titre personnel, à la fois me galvanise et m’apaise, me réconforte puisque je peux sur ma page décider de tout, créer mes propres règles comme le droit immédiat de modifier ces règles à ma guise.
Dans les situations les plus éprouvantes de ma vie, j’ai pu compter sur l’écriture pour retrouver prise sur le réel, prendre mes revanches, réparer des événements en les relatant, imaginer des mondes différents, pièce par pièce, comme dans un jeu de construction.
Je me sens toujours heureuse de pouvoir transmettre ce secret merveilleux qu’est l’écriture, techniquement très simple à mettre en œuvre, mais vertigineux quant à l’inconnu où peut nous faire plonger le geste basique d’aligner ne serait-ce que quelques phrases.
Je pense être une personne adéquate pour ouvrir de tels accès, tout en offrant des appuis, des repères pour s’orienter dans l’infini des possibilités créatrices. J’aime me sentir utile, c’est une satisfaction quand je parviens à faire gagner du temps, du savoir ou de la confiance, en cherchant à comprendre au mieux les processus et situations d’autrui.
Antoinette la "micro-paysanne", ou comment j'en suis venue à travailler la terre :
À travers l’écriture de mon roman Après le monde, (chantier qui s'est étendu entre 2015 et 2019), j’ai commencé de m’intéresser à la production et à la distribution de la nourriture dans le monde, donc aux questions agricoles.
À force d’y réfléchir, acheter local et responsable ne m’a plus suffi. Il a fallu que j’apprenne à produire moi-même… Je me suis donc initiée aux métiers de la terre, d’abord à travers deux saisons d’aide à la production de plantons bios chez Rollier Paysage, à Boudevilliers (NE), en 2020 et 2021. Puis j’ai suivi une formation micro-ferme (terme désignant le maraîchage sur petites surfaces, à vocation durable, en général peu mécanisé, gourmand en main-d’œuvre et privilégiant la vente directe et les circuits courts).
Aujourd’hui, je mets ces connaissances en pratique au lieu-dit Clairbief (Les Bois, Franches-Montagnes), sur le terrain où je vis avec ma famille.
Ce que je cultive :
Principalement des légumes et petits fruits.
Pour la consommation entre novembre et avril, des légumes de garde: poireaux, ail et oignons, pommes de terre, betteraves rouges, courges, carottes et céleri-rave. (+ verdure pendant l'hiver: épinards et mâche – également appelée "doucette".)
Pour la consommation entre fin juin et octobre: des légumes à manger frais; laitues, fenouil, côtes de bettes, pois et pois mange-tout, haricots, céleri-branche, maïs, courgettes, concombres, pak-choï et choux divers. (Oui; comme nous sommes à 1000m. d’altitude, il y a un creux au printemps, car les ressources nouvelles sont plus tardives qu’en plaine. Bienheureusement, la rhubarbe, les premières herbes aromatiques et quelques cueillettes sauvages permettent la jonction…)
Comment je m'y prends:
Je cultive sans pesticides ni engrais de synthèse, et sans machines. (Mais pour l'instant, en usant de plastiques; notamment des bâches pour les couverts, en attendant de trouver mieux, à un coût abordable.)
J'achète exclusivement des plantons et semences bio (fournisseurs : Rollier Paysage, Boudevilliers, et semenciers suisses Sativa et Zollinger). Dans la mesure du possible, les intrants que j'achète (par ex : paille de couverture, ou fumures animales) sont en bio également.
Surtout, je bénéficie d'une précieuse ressource humaine, puisque j'ai la chance de pouvoir compter, pour faire vivre ce projet, sur quelqu'un qui vient m'aider selon un arrangement non monétaire; heures de travail contre part sur les productions. Mon "associée" s’appelle Valeria Bucher, vit à la Chaux-de-Fonds et travaille par ailleurs pour la section neuchâteloise de Pro Natura.
Je respecte le calendrier lunaire, et m’inspire de méthodes diverses (permaculture, MSV - maraîchage sur sol vivant, ou encore principe traditionnel de rotations des cultures), que je combine de manière empirique.
Par ailleurs, j’héberge chaque été dans notre verger deux agneaux de pâture, bouchoyés à l’automne. Attention donc aux personnes positionnées par convictions contre l’élevage; leur sensibilité pourrait être heurtée par cette confrontation à la détention animale.
Au sujet de mes pratiques agricoles, il convient encore de préciser qu’il s’agit d’une production non commerciale, avant tout destinée à mon ménage et ménages associés. Enfin, qu’elles ne s’inscrivent nullement dans une mouvance « survivaliste ».
Je ne fais pas ça pour échapper à la fin du monde, mais simplement parce que je me sens effarée par l’éloignement et l’invisibilité des productions de tout ce que l’on consomme (songez à la mention Made in China sur les vêtements, accessoires ou électro-ménager que nous achetons), et que je tiens, pour une partie de ma nourriture au moins, à garder sous les yeux et entre mes mains, – c’est-à-dire à la conscience – les implications de ce que je consomme, et comment je le produis.
Pourquoi ai-je décidé de conjuguer savoirs de la terre et ateliers d’écriture ?
Après une dizaine d’années d’activité dans le secteur de la culture, entre participation à des festivals, événements littéraires ou créations de spectacles, j’ai remarqué qu’un décalage s’était créé entre mes aspirations, mes convictions et mon mode de travail. L’enchaînement de contrats de durée limitée, un certain court-termisme dans les perspectives, l’impact écologique de déplacements fréquents, les aspects très numériques et bureaucratiques de l’élaboration des dossiers, un sentiment de déconnexion avec le rythmes des saisons ou mes besoins physiologiques, enfin le niveau acrobatique d'organisation pour faire garder nos enfants en fonction de nos horaires irréguliers et de nos absences le soir ou sur plusieurs jours (le papa travaillant aussi dans la culture), particulièrement usant même au sein d’un ménage où la charge mentale parentale est partagée: tout cela m’a fait comprendre que j’avais besoin d’inventer un fonctionnement nouveau.
Nature-écriture est donc une tentative pour relier différentes pratiques culturelles, en développant un projet à long terme, dans l’invention d’une existence où les différentes sphères d’activités seraient moins compartimentées et depuis un lieu unique d’ancrage physique, intellectuel et affectif.
En rapport avec la lenteur, l'humilité, la constance et la force de ce qui croît, décroît puis recommence à croître, je propose des accueils holistiques, des partages immatériels autant que sensoriels.